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La Compagne

La Compagne

Traversant ces champs
Vêtu de mon pagne
Je l’accompagne
Sur ce bout de chemin

A travers montagnes
A travers campagnes
Elle m’accompagne
Sur ce bout de chemin

Jusqu’où?
Qui sait?

Voulant la figer dans la loi
L’envol lent de son effigie déçois
Traversant camps et bagnes
Devenant son con joint
Une histoire de choix se dessine
Dictées inconscientes se destinent

Désillusioné
Je retourne au début
Traversant ses champs
Dévêtu de mon pagne

Conscient
A travers montagnes
A travers campagnes
Je la compagne
Elle ma compagne
Sur ce bout de chemin

Jusqu’à quand?
Aujourd’hui

Notes

Un poème qui prends différents sens au fil des lectures. A déguster et digérer lentement.

Voici, quelques uns de ses sens. Il y en a d’autres bien sûr.

Une référence au piège que peut-être le marraige si on espère figer la personne.

Une observation sur la nature du compagnonnage et sa nature transitoire, devant être cultivée et choisi consciemment.

“Ces champs” qui deviennent “ses champs”, suggérant que le monde devient à elle, comme dans l’idée de vouloir offrir le monde à sa bien aimée. Simplement si l’on considère que tout est déjà à elle. Tout lui a été offert instantanément. Additionnellement, si elle devient tienne, le monde lui aussi deviens tiens.

L’idée de devoir perdre quelque chose pour aimer, laisser tomber quelque chose de sa personne pour aimer, de devenir nu.

Anne

Anne

Dis Anne …
Pourquoi tu fais ça?

Il le faut. Y’a pas le choix.
Mais c’est faux. Y’a toujours le choix.

Diane, … c’est mon devoir.
Anne, … à toi de voir.

Et toi Diane…
Pourquoi tu fais ça?

Parce que j’en ai envie.
Impossible… y’a le devoir.
Oui… c’est un possible, à toi de voir.

Mais Diane…
Quand tu veux pas, comment tu fais?

Bah je fais pas.
Ah… si c’était si simple.
Mais ça l’est ma chère.
Mais y’a des choses qu’il faut faire…

… qui souvent peuvent attendre quelques instants.
Le temps que l’envie naisse.
Et si l’envie naît pas?
Bah tu fais pas.

L’Ânesse et la Déesse,
Elles font les mêmes choses.
Avec aigresse ou allegresse,
Deux façons de faire les choses.

Et Diane…
Une dernière question…
Quand t’as plus rien à faire, qu’est-ce que tu fais?
Dhyan et rien à la fois.*

Notes

– Aigresse: “Atrocité, caractère de ce qui est cruel à endurer moralement”

– Allegresse: “Joie vive qui se manifeste extérieurement”

*Dhyan et rien à la fois:
– un jeu sur l’expression “tout et rien à la fois”
– un jeu sur Dhyan homonyme de Diane, faisant allusion à l’idée d’ETRE soi-même sans FAIRE
– un jeu sur le mot Sanskrit Dhyan faisant allusion à un état de conscience pure qui transcend les sens

Juste un

Juste un

Justine était certaine
Elle en aimait juste un

C’était
Juste un désir crétin, d’après sa mère
Juste inacceptable, d’après son père

Juste jeune, elle acquiesça
Fallait rester objective
C’était juste impossible
Justine s’en détacha
C’était juste ça, juste un homme
Son subjectif n’avait plus de place
D’injustice son coeur se déforma
Justine devint injuste

Tout devint juste ça
Juste un verre de vin de plus
Juste du sex, juste des corps
Juste des bêtises de plus
Elle rêvait de se fondre dans le décors
Parfois même en conduisant
À quoi bon? C’était juste une vie

Justement,
Justine ne s’impliquait en rien
Elle se dévalorisait en tout
Tout avait goût de rien
Le jus de sa vie perdait en vigueur
Elle tomba malade

Puis elle rencontra Justin
Qui avec justesse lui dit
Ce juste te ment
Il te mène en bateau
Ce juste de l’autre tu l’as internalisé
Ce juste qui minimise et divise
Le perpétuer
C’est injuste

Justine vit
C’est en voulant grossir l’objectif
Que le subjectif subtile s’envole
Ce n’est pas juste l’un ou l’autre
C’est juste qu’en fin
Certes d’apparence distinct
Ces deux sont juste un

Justin

Justin

Justin était certain
Il en aimait juste un

Juste un désir crétin, d’après sa mère
Juste inacceptable, d’après son père

Juste jeune il acquiesça
C’était juste impossible
Justin s’en détacha
C’était juste ça, juste un désir
L’injustice déforma son coeur
Justin devint injuste

Tout devint juste ça
Juste un verre de vin de plus
Juste du sex, juste des corps
Juste des bêtises de plus
Il rêvait de se fondre dans le décors
Parfois même en conduisant
À quoi bon? C’était juste sa vie

Justement,
Il s’impliquait en rien
Se dévalorisait en tout
Tout avait goût de rien
Ce jus de sa vie perdait en vigueur
Il tomba malade

Puis il rencontra Justine
Qui avec justesse lui dit
Ce juste te ment
Il te mène en bateau
Ce juste de l’autre tu l’as internalisé.
Ce juste qui minimise et divise
C’est injuste à la vie

Justin vit
C’est en voulant grossir l’objectif
Que le subtile subjectif s’envole
Ce n’est pas juste l’un ou l’autre
C’est juste qu’en fin
Certes d’apparence distinct
Ces deux sont juste un

Yvonne

Yvonne

Inspiré de vie
La belle Yvonne
Légère et effervescente s’abandonne
Son ton chantonne

Puis un jour elle intone
Qu’est-ce que tu me donnes?

Rien et tout à la fois, lui murmura la vie

Les années passèrent, son audition s’altère
Son ton devient monotone

Inspirant de nouveau elle intone
Et moi? Qu’est-ce que tu me donnes?
De ce petit calcul sa vie ce saucissonne
Elle raisonne
Qu’en somme
Elle n’aura rien.
Elle expire

Désormais triste et vide, elle inspire de nouveau
Attendant que plus on lui en donne
Ce calcul pesant déjà une tonne
Ne pouvant tenir plus longtemps
Baissant sa tête et ses épaules
Elle expire

Dénouée de sens, vide et triste, est Yvonne
De sa simple question elle s’empoisonne
Et moi? Qu’est-ce que tu me donnes?

Puis un jour, de nouveau inspiré de vie
Une consonne de son ton
Se transforme en don
Elle s’en étonne
Elle se pardonne

Son ton transformé, de nouveau elle s’abandonne
Puisqu’elle fait don de sa personne

L’équilibre restitué résonne
Désormais sa vie abonde et foisonne
Sans calcul elle donne
Ayant compris que
L’abondance suit le don

Puis finalement
Un beau jour d’automne
Ayant tout donné
Yvonne, pour la dernière fois, expira

Nahel

Nahel

Salamalec,
Je m’en bats les’c
Ils ont tué mon frère ces fils de pute !
Pourquoi fermer mon bec?

Espèce d’insectes !
Un peu de respecte !
Moi j’suis un mec !

C’pétard il est impec.
J’peux tout brûler, j’peux tout casser !
J’m’en fous d’tes textes, ta bibliothèque !
J’préfère la discothèque !
Tes vitrines, tes règles de merde,
Tu peux aller t’les mettre !

Mon petit pénis érect il est plus grand que toi.
Moins que rien !

C’est quoi ta secte, ta république?
Cette chose publique je la nique !

Fais moi donc un chèque de quelques kopeks.
J’prends tes fringues,
J’brûle ta pierre,
J’encule ta mère,
J’tue tes gardiens.
Ces putains de fennecs !
J’oublie qu’il sont miens et comme eux j’deviens.

C plus si impec.
Ça pue les insectes.
Maintenant c ma maison qui brûle.
Mais qu’est-ce que j’ai fait?
Ouesh frère j’suie devenu quoi comme mec?

C toujours les autres le problème.
Sois circonspect.
Mais je veux du respect !
Réfléchis deux secondes.

Ouesh ton poème j’y comprends rien !
Parle plus simple sale bourgeois !
Si j’pouvais j’t’étoufferais toi aussi !
Ton verbiage n’est pas assez courtois.

Ferme ta gueule et donne moi de la justice !
La meilleure revanche ce n’est pas de réagir ainsi.
Canalise donc cette fabuleuse énergie.

Garde ton calme, et préserve la vie.
Gare à l’arroseur arrosé, il a de l’entrain.


Notes de l’Auteur

Quelques gouttes de colère humaine distillée.
Une problématique universelle.


Ce poème a été écrit pendant les insurrections de l’été 2023 en France où un policier a tué un jeune Nahel. Cet évènement a été suivi d’émeutes et de destruction à l’échelle nationale.
Je le publie alors que l’Israël bombarde la bande de Gaza en Palestine. Ce n’est malheureusement pas chose nouvelle.


– Y’a une référence au fait que les étrangers et classes dites “populaires” sont souvent accusés d’être source des problèmes d’un pays.
– Les kopeks renvoient au conflit Ukraine-Russie persistant au temps de l’écriture et désormais au temps de publication, aux différents intérêts géopolitiques dans les conflits.
– Quelques éléments de critique vis-à-vis de la masculinité et ce qu’est un homme vs un garçon.
– Et d’autres petites choses pour ceux qui chercheront